Il y a des objets dont le design est réussi en tous points, c’est-à-dire qu’il sont fonctionnels, tout en étant séduisants et qu’en plus ; ils parviennent à être produits pour un tarif de vente publique abordable et ce malgré la bonne qualité de leur fabrication et la renommée de leur auteur. Il y en a évidemment qui sont complètement ratés. Esthétiquement, ils déplaisent au plus grand nombre, ils ne fonctionnent pas ou très mal ou alors ils sont hors de prix… Et parfois même, on retrouve ces trois échecs dans un seul et même produit ; comme pour illustrer l’exemple type de ce qu’il ne faut pas faire en matière de création. Et puis il y a ceux que j’appelle les hybrides : Les très pratiques mais pas vraiment beaux ou carrément et particulièrement laids. Les fabuleux mais qu’on ne peut s’offrir sans casser son PEL, son assurance-vie ou emprunter sur 15 ans… Les créations pas chères mais qui ne servent à rien. Et les beaux objets, (même si c’est subjectif), qui sont donc sexy mais inutiles ou dysfonctionnels… Une fois encore on peut considérer que -d’un point de vue philosophique- le beau n’a pas forcément pour vocation d’être utile. C'est surtout valable en déco ... Mais en design, quand même, l’esthétique doit habiller un minimum la fonction. Il en existe des tas dans cette catégorie. Le monde du design regorge d’éditions qui auraient pu s’en tenir au stade du prototype, voir même du dessin, pour certains d’entre eux, sans risquer pour autant, de manquer au monde. Mais il y a des exceptions, des objets qui prouvent à chaque fois que l’on s’en sert, qu’ils ne fonctionnent pas et qui pourtant nous ravissent d’un simple regard et que l’on est même heureux de posséder. Et qui démontrent alors qu’il est possible de ne pas fonctionner tout en étant utiles… Voir nécessaires. À tel point que, comme pour notre objet du jour, nous en sommes arrivé à l’acheter, tout en sachant pertinemment, avant de le faire, qu’il ne fonctionnera pas ! Peut-être parce qu’on se croit plus malin que les autres consommateurs et que l’on pense que l’on réussira là où le reste de l’humanité a échoué ? Possible… mais c’est perdu d’avance. Au mieux, il fonctionnera un peu ou parfois mais quelle importance ? Que vous finissiez par ne plus vous en servir… tant que vous prenez toujours autant de plaisir à l’avoir et à le regarder ! Nous sommes nombreux à posséder une lampe déco que l’on n’allume jamais, un t-shirt au design que l’on adore mais que l’on ne porte plus… Ou encore, nous y sommes, un presse agrume en forme de fusée, prête à décoller depuis la base aérospatiale de votre étagère ou de votre plan de travail de cuisine … Qui ne décollera jamais d’ailleurs, pas plus qu’il ne parviendra à vous préparer à la perfection votre jus d’orange matinal… Et pourtant ; nous somme plus de 2 millions deux cent mille à l’avoir acheté depuis sa création il y a 33 ans …
Est-ce parce qu’il est beau ?
Parce qu’il est intrigant ?
Inspirant ?
Ou parce que son design est signé Philippe Starck ?
D’où vient donc le pouvoir envoutant du Juicy Salif, édité par la maison Alessi en 1990, célèbre marque italienne d’ustensiles culinaires? Serait-il l’illustration parfaite de la naïveté commune de tous les acheteurs que nous sommes ? Ou la preuve intangible que - comme chez l’être humain - en matière de design aussi, comme en déco, le physique peut parfois aveuglément et largement prévaloir sur les qualités du sujet ?
Site de l'éditeur ALESSI
Site du designer Philippe STARCK
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Génial